Le changement. Ce dont on a souvent besoin mais qui nous effraie trop souvent.
Dans 5 ½ semaines il y aura un changement majeur dans notre famille. Une chose que j'ai toujours vu et qui a fait partie de ma vie depuis ses tous premiers instants ne sera plus qu'un souvenir.
Mon père se départit de son troupeau de vaches. Eh oui, j'ai été élevé sur une ferme. Un endroit où on avait de la place pour courir et jouer autant qu'on voulait. Des bébés chats à tous les printemps (c'est pas tout le monde qui côtoie des chatons d'aussi près à moins d'être vétérinaire ou de travailler dans une animalerie). Des parents présents puisque leur travail se trouvait à quelques pas de la maison. Une belle enfance quoi.
Bon ok, je n'était pas une petite fermière tant que ça. J'allais épierrer les champs le printemps quand mon père avait besoin de nous et j'ai repeint les tours de fenêtres de l'étable durant un été mais pas vraiment plus que ça. Mon chum a été l'employé de mon père durant 2 étés et il s'amuse à dire que même si j'y ais été élevé, je sais tout juste où sont les interrupteurs dans l'étable. Il n'a pas complètement tord. L'agriculture ne m'a jamais passionné. Je trouvais contraignant de toujours devoir revenir chez nous avant le souper car mon père devait faire la traite. Plus jeune, quand on allait visiter mes grand-parents, nous espérions, mon frère ma soeur et moi, qu'on resterait à souper avec eux. C'est arrivé quelques fois mais assez rarement. On réussissait à s'évader durant un 3-4 jours par année durant l'été entre 2 récoltes. Mais pour ça, il fallait que mon père ait un employé fiable sous la main pour faire la traite et soigner les animaux à sa place.
Mon chum aurait été près à reprendre la ferme car il aime le travail en plein air, les animaux etc. On en parlait hier en revenant justement de chez mes parents. Il sait tout faire sur la ferme, il ne lui manque que le côté gestion. Il sait le comment mais il aurait eu à apprendre le quoi et le quand. (semer quoi?, quand?, dans quel champs?). Il m'aurait laissé le côté paperasserie (comptabilité et autre) car je me débrouille bien là dedans et lui pas du tout. Mais comme je l'ai dit plus haut, ça ne m'a jamais vraiment intéressé. Oui j'aurais pu rester à la maison avec les enfants. Mai au bout d'un moment, je me serais ennuyé du contact que j'ai avec d'autres adultes en travaillant à l'extérieur. De ne jamais avoir de jours de congés (ou presque) aussi, ça devient pesant à la longue. On ne pourrait plus partir allé voir mon amie à Ste-Hyacinthe pour un week-end puisqu'il faudrait trouver quelqu'un pour la traite et tant qu'on ne trouve pas, on ne peut pas partir. Tandis que là, on met plus de nourriture à notre chat et à notre furet et POUF! nous voilà partit pour 2-3 jours sans tracas.
Mon père a toujours été déçu qu'aucun de ses 3 enfants ne reprennent la ferme mais il ne nous a jamais mis la pression pour qu'on le fasse et il ne nous a jamais culpabilisé pour ça et je lui en suis très reconnaissante. Mon chum m'a dit que si mon père ne m'avait pas forcé à reprendre la ferme, il était bien mal placé pour m'y obligé lui aussi.
Alors à la fin du mois d'octobre, une grosse page va se tourner. Ti-Loup va trouver la ferme bien vide quand nous irons à la campagne en novembre (et moi donc!). Il demande toujours à aller voir les vaches et semble très intéressé par ce que fait son grand-père. On m'a demandé si j'avais commencé à préparer mon fils à ce qu'il n'y ait plus de vaches chez grand-papa. À bientôt 3 ans, je ne crois pas qu'il réalise l'ampleur de ce que ça représente alors non, je ne le prépare pas. On ne se cache pas pour en parler devant lui mais je ne met pas non plus l’emphase là-dessus. Pour lui, les vaches seront tout simplement parties. Point à la ligne.
Ça va même donner un peu plus de temps à grand-maman et grand-papa pour jouer avec lui.
